L'art pictorial avait réussi à se dégager du réalisme photographique. En 1963 Gerhard Richter a pris le contre-pied en utilisant comme modèles de ses peintures des photos ratées en mauvais état qui assurent un pont à forte signification sociale entre la banalité et l'art. Après ses auto-portraits Stingel retrouve aussi la banalité photographique mais dans un sens moins impersonnel.
Il est né à Merano dans les Alpes Tyroliennes du côté Italien et partage sa vie entre cette ville et New York City. Il peut bien sûr observer le panorama mais l'impression de son enfance a disparu. Il la ré-interprète en récupérant des photos anciennes qu'il agrandit démesurément pour révéler tous les défauts d'origine et de conservation. Il les copie ensuite sur toiles en respectant scrupuleusement les taches, les froissements, les rayures et les pertes de densité.
Avec ces photos banales dont l'auteur d'origine ne peut pas être connu, Stingel dévoile au visiteur un faux recoin de son univers, sans personnage et sans premier plan, et qui n'est même pas lié directement à sa mémoire. Dans la suite de sa carrière il brouillera encore plus sa relation avec le collectif et l'anonyme avec ses plaques de graffiti.
Le 7 mars à Londres, Sotheby's vend une huile sur toile peinte en 2009 sur le thème des montagnes du Tyrol re-photographiées. Avec son format 335 x 460 cm, cette vue désuète pourrait être confrontée aux photographies hyper-modernes d'Andreas Gursky. Elle est estimée £ 4M, lot 19.
“A painting of a photograph of a photograph:” Discover the influences, technique and process of #RudolfStingel, who is highlighting our #SothebysContemporary evening sale on 7 March. https://t.co/PceLC2I235 pic.twitter.com/aKeCO6KjKA— Sotheby's (@Sothebys) February 21, 2018